La présence

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Totalité des conférences.

Description

La présence : Colloque organisé par Société et Humanité le 13 mai à Paris

Dans l’histoire des soins psychiques, la notion de « présence » a été davantage conceptualisée par les philosophes, phénoménologues et les psychiatres phénoménologiques : E. Husserl, M. Heidegger, J.-L. Nancy, H. Tellenbach, E. Strauss, J. Derrida, J. Naudin, A. Tatossian, F. Dastur… Mais qu’en disent les psychologues et les psychanalystes ?
Freud a joué avec la (question de la) présence en choisissant de se soustraire au regard de ses patients dans le dispositif de la cure type divan – fauteuil. Freud a libéré un espace pour écouter autrement les manifestations de l’inconscient, du déploiement des fantasmes aux mouvements transféro-contre-transférentiels. Se dérober pour être plus présent encore ? Pour laisser toute la place aux sens et à la présence sensuelle des corps en présence ? Etonnant procédé à une époque où la figure du médecin incarnait le plus souvent celle d’un maître sachant, doté d’une autorité, convaincu de son pouvoir de guérison et campé sur les rives de la suggestion. Avec le dispositif singulier du divan, l’inventeur de la cure psychanalytique a laissé place à la parole subjectivante de l’analysant. Mais sa présence ne s’en faisant pas pour autant moins sentir si l’on en croit les paroles de ces analysants.
Depuis Freud, les psychanalystes se sont largement intéressés aux modalités négatives du fonctionnement psychique — de l’absence (P. Fédida) au négatif (A. Green). Mais pour penser la clinique d’aujourd’hui — et plus encore depuis la pandémie du Covid — il semble déterminant de revenir sur de nouveaux modèles métapsychologiques de la présence, de la psychopathologie, de la psychanalyse du lien et peut-être du soin (care) psychanalytique. Julia Kristeva, en développant et approfondissant la notion d’« enveloppes narratives » (D. Stern, 2003), est l’une des rares psychanalystes post-freudienne à s’être penchée sur cette notion de présence dans l’analyse (Cf. « La chair des mots », 2012 ; « La révolution du langage poétique », 1974). Il s’agit alors de tenter de penser l’étrangeté que peut revêtir les formes de la présence dans l’espace thérapeutique. Par exemple, celle des atmosphères engageant la présence corporelle des protagonistes : atmosphères qui mettent en tension les limites dedans/ dehors, intimité/extériorité, fantasmes/réalités, voix/musique, dans une appréhension analytique sensible de ce qui se passe entre deux corps, entre deux systèmes psychiques, deux rythmes associatifs.Certaines paroles contenant force, mouvement, ne demandent qu’à être libérées par et dans le corps de l’écoute d’un autre inconnu (G. Rosolato, 2009). Dès lors, comment penser la présence dans les dispositifs hors-divan et hors cure-type ? Lorsque le face-à-face fait place aux regards et aux expressions des visages. Lorsque le corps s’invite au devant de la scène, dans le psychodrame ou dans les dispositifs à médiation : psychoboxe, théâtre psychanalytique, musicothérapie… Lorsque la présence se travaille à partir du groupe : groupe de paroles, groupes à médiations, groupes thérapeutiques… Comment penser dès lors la présence dans nos cliniques contemporaines (avec les adolescents, les fonctionnements limites, les cliniques de l’extrême) qui convoquent les éprouvés à l’excès, la désaide et la sur-présence ?

Il semble d’autant plus nécessaire d’appréhender cette question de la présence et de l’interaction, à une époque où les communications à distance ont pris le pas : le virtuel et le distanciel nous offriraient-ils des mirages de présence ? Une autre forme de présence ? L’avatar interroge : de quelles traces présentielles est-il porteur ? La révolution informatique et technologique, l’essor des réseaux sociaux, l’explosion des échanges et réunions à distance sur fond de pandémie nous invitent ainsi à repenser la question de la présence, tant dans notre vie quotidienne que dans les nouveaux dispositifs proposés aux patients. Comment apprivoiser ces écrans qui nous privent d’une partie de nos sens (du toucher, de l’olfaction, du ressenti des corps en présence), de la présence des corps dans un espace partagé, sensible et vivant ? Ce qui ne passe pas par le corps peut-il faire pour autant présence à l’autre ?
Lorsque certaines expériences du silence et du corps disent plus qu’une parole qui fait du bruit sur elle-même, il importe que des psychologues, des psychanalystes et des psychothérapeutes – surtout dans l’après-coup de l’épreuve des confinements sur leur pratique – se rencontrent pour interroger et confronter leurs conceptions de la présence en psychanalyse. Voici l’objet de ce colloque sur la présence.
PROGRAMME

9h00 Accueil des participants

 9h30 Introduction

Clara Duchet, Anthony Brault et Vincent Estellon

Psychanalyse de la présence Séquence animée par Clara Duchet et Anthony Brault

 10h00 – Vanessa de Matteis :Entre présence et distance : « T’es où ? »

10h30 –Discussion avec la salle

Pause

11h 30 –Vincent Estellon : Cliniques de l’entour atmosphérique d’une rencontre.

12h00 – Discussion avec la salle

12h30-14h – Pause déjeuner

 Présence et Violences :  Séquence animée par Clara Duchet et Anthony Brault

 14h00 –Tigran Tovmassian :La tendresse : essence d’une présence transformatrice de la détresse

14h30 –Lionel Raufast : Aux chairs que brûle la violence.Clinique des présences énigmatiques en psychoboxe

15h00 –Discussion avec la salle

 15h30-16h – Pause

 Présence et sensorialités : Séquence animée par Clara Duchet et Anthony Brault

 16h00 –Emanuele Ferrigno : Pré-sum: de l’être avant le « cogito ergo ». Du chaos Dyonisosiaque à l’hallucination constructrice dans l’expérience des psychoses.

16h30 –Discussion avec la salle

17h –Conclusions de la journée avec l’ensemble des participants

Colloque enregistré par CONGRES MINUTE

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